AFP - 28/04/2011 à 12:30
Lettre du salarié de France Télécom à sa direction : "je suis en trop"
Le salarié de France Télécom-Orange qui s'est immolé par le feu mardi avait adressé un courrier à sa direction en septembre 2009, dans lequel il affirmait "je suis en trop", a confirmé jeudi la direction du groupe, après la publication d'extraits de la lettre par le site Mediapart.
"Cette lettre ouverte a été reçue le 18 septembre 2009 par le président du CNHSCT (Comité National d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail, ndlr)", a indiqué à l'AFP un porte-parole du groupe, qui était à l'époque en pleine crise sociale en raison d'une vague de suicides à partir de 2008.
"Elle a été immédiatement transmise à la directrice des ressources humaines France de l'époque qui était en charge de centraliser, de dispatcher les nombreux courriers préoccupants que nous recevions à cette époque. Elle l'a immédiatement transmise aux responsables locaux", a précisé le porte-parole.
Il a ajouté que la "lettre est un élément qui est sans doute important dans les enquêtes aussi bien interne que judiciaire en cours" et assuré que France Télécom allait "donner aux enquêteurs toutes les précisions nécessaires".
Dans le document de six pages titré "lettre ouverte à mon employeur et à son actionnaire principal", l'Etat, le salarié qui s'est suicidé à Mérignac (Gironde) à l'âge de 57 ans évoque une "situation endémique" au sein du groupe et souligne que "le suicide reste comme étant LA SOLUTION !", selon les extraits publiés par Mediapart.
"Continuons tous, employeur, Etat actionnaire et décideur, syndicats, salariés, à ignorer les vraies causes profondes : dans dix ans on sera encore à traiter de ce même sujet.... enfin non... une certaine catégorie du personnel aura disparu par départ en retraite ou par suicide : et le problème sera réglé, enfin !", prévient le salarié père de quatre enfants.
Evoquant sa "mise à la poubelle" et se disant victime de "harcèlement subi", il souligne que "ceux qui sont abandonnés et contraints de faire face à l'échec au quotidien sont très mal ! Ils sont soucieux de la qualité de leur prestation, rendue impossible, sans voie d'issue!".
"Je suis dans ce segment-là", ajoute l'employé. "Ratio de gestion de la situation nationale : je suis en trop".
Concernant la situation au sein du groupe, il relève que "la base (...) n'est jamais entendue, n'est pas reconnue! n'est pas soutenue !".
"On forme à tour de bras et de façon inadaptée : personne ne s'en soucie. Puis on jette en activité (...). Cela marche ou cela casse: pas de garde-fou ni de soutien: c'est une machine à fabriquer des déséquilibrés, ensuite il suffira d'agiter un peu", dit-il.
"En conclusion et cause profonde (des suicides, ndlr) : Indigence managériale dès qu'il s'agit de l'humain, par manque de compréhension et de respect humain, par peur des actions à engager ou des responsabilités à prendre ! Les cadres supérieurs (...) ont compris qu'il vaut mieux vivre au jour le jour, prendre du gâteau tant que le plat est posé devant soi ! Le restant, ce ne sont que des emmerdes qui ne peuvent que nuire à la carrière", conclut le salarié.
Depuis son suicide, la direction a lancé une enquête "minutieuse et transparente" pour faire "toute la lumière" sur ce drame. Selon le PDG du groupe, Stéphane Richard, ses résultats seront rendus publics d'ici "quelques semaines".
Sans commentaire. Sinon remarquer que le lien vers le blog
LES LETTRES OUVERTES DE CAZA conserve le lien vers
l'article sur Orange (du 30 septembre 2009) ! Et c'est bien de la même chose qu'il s'agit. Compassion.
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